Si Yuan était un humain et que l'ennui était mortel, il sera déjà mort une bonne centaine de fois cette journée. Et puis, comme si cela ne suffisait pas, il faisait une chaleur épouvantable ; à en s'arracher la peau.

Le brun se laissa péniblement tomber sur son fauteuil et posa sa tête sur son bureau, après avoir envoyé valser toute la paperasse qui s'étaient accumulés depuis quelques semaines maintenant. Il soupira une fois, puis deux, puis trois... Décidément, si le rôle d'un Dieu était de rester cloîtrer dans une pièce de quelques mètres carrés avec pour seules occupations la lecture de parchemin et la signature de documents, il aurait bien préféré devenir humain.

Yuan releva calmement la tête. En parlant d'humain...

Il bondit de son siège et après avoir ramassé le bazar qu'il venait de semer, il quitta la pièce. Il se dirigea alors vers l'extérieur afin d'avertir ses deux disciple et quitta enfin le monde d'en haut.

Il atterrit alors dans une ruelle sombre. Quand il y sorti, il découvrit face à lui un marché très animé qui s'étendait le long du quartier. Yuan décida de s'y aventurer et observa alors les nombreux stands et passants. En voyant toute cette agitation, il fut pris d'une étrange sensation proche de la jalousie. Oui, il les enviait.

Il enviait les humains et les démons, qui profitaient aisément de cette ambiance chaleureuse et joyeuse. Bien sûr, là-haut également, on y organisait des fêtes, mais Yuan trouvait qu'elles étaient toutes bien ennuyeuses et identiques. Rien à voir avec ce qu'il pouvait ressentir à cet instant. Une sensation d'épanouissement.

Yuan marchait calmement, se faufilant discrètement entre les passants, qui se tournaient quelques peu à sa rencontre – sans doute était-ce à cause de ses vêtements -. Pourtant, il ne s'en préoccupait pas, trop occupé à renifler les bonnes odeurs qui émanaient d'une boutique au loin, près d'un carrefour.

Quand il arriva jusqu'au stand, l'odeur envahissait totalement ses narines. Personne ne lui barrait le chemin il était seul. Il s'approcha alors vers la jeune femme qui servait là et lui posait de nombreuses questions sur les coutumes et la culinaire de cette ville.

Cette dernière, qui semblait avoir également remarqué la particularité de ses vêtements, pensait qu'il s'agissait seulement d'un étranger et lui offrit quelques en-cas. Yuan les accepta avec plaisir et décida de quitter le bazar.

Cependant, un choc le ralentit jusqu'à l'arrêter. Il venait de percuter quelqu'un.

Yuan observa alors la silhouette qu'il venait de percuter. Il s'agissait d'une femme, jeune – à la fleur de l'âge -.

Il lui sourit, glissa une de ses friandises vers une main, afin d'en libérer l'autre. Ensuite, il vint se pencher tendrement devant l'humaine, lui tendant amicalement la main, lui proposant son aide.

- Non, non. Je suis également fautif, je m'en excuse.

Il lui adressa alors un doux sourire – comme il savait si bien les faire. Éclatant, mais sans réellement venir du cœur.

Alors qu'il s'était penchée dessus elle pour l'aider, il remarqua que le regard de l'étrangère se portait plus vers son autre main, bien occupé à saisir fermement ses doux présents. D'abord, il ne savait pas vraiment pourquoi elle les observait de cette manière. Avait-elle eu peur que cela ne tâche ses vêtements ? Ou alors, le prévenait-elle de la mauvaise qualité de ces mets ? Ce qui serait regrettable vu l'odeur qu'ils dégageaient. Le plus probable, c'était qu'elle mourrait seulement de faim.

Il considéra alors la chute de la jeune femme et les dégâts qu'elle avait reçus. C'était un peu de sa faute. Il était coupable.

Alors, le brun vint lui tendre un de ses en-cas. Il s'agissait alors de boulettes de viandes, embrochés par un petit bout de bois et étaient par quatre. Au-dessus, on y avait ajouté de la sauce : une de couleur blanche et l'autre plus rouge. Enfin, on y avait déposé quelques feuilles afin d'accentuer le goût. Le petit plat était encore chaud – après tout, il venait tout juste de l'avoir – et de la fumée s'y dégageait alors.

- Tenez. J'espère que vous pardonnerez la brutalité dont je viens de vous faire part mademoiselle. Quelle honte d'avoir poussé une aussi jolie jeune fille. J'espère que vous n'avez rien de cassé ?

Une fois de plus, il lui adressa son éternelle sourire charmeur et vint ajouter :

- Oh ! Pardon. N'allez pas croire que je vous achète avec de la nourriture, ce n'est pas du tout le cas !